Cet espace
C’est un vaisseau fantôme. C’est un radeau qui méduse. C’est un crane ouvert. C’est une patinoire ; on y glisse, on y tombe, on y tourbillonne. C’est un câble de funambule. C’est un appareil de radiographie. C’est un porte-voix. C’est une maison hantée. C’est un bonsaï. C’est une terre à brûler. C’est une maternité. C’est un accélérateur de particules. C’est une île, un électron libre, une autre planète. C’est l’inventaire interdit. C’est le pôle. C’est le pas de tir. C’est la glorieuse incertitude. C’est un stade. C’est un livre ouvert, un baluchon, une boîte de Pandore, une salle des pas trouvés, une organisation révélée. C’est un club échangiste. C’est une zone de non-droit. C’est une jungle. C’est un miroir déformant. C’est tout sauf n’importe quoi. C’est un phare, un cri dans la nuit, un râle d’agonie ou d’orgasme. C’est un homme immobile et seul. C’est une femme qui danse avec un loup. C’est une cage sans barreau. C’est un grand parquet. C’est un lac de Tibériade. C’est un empire des sens. C’est une terre plate aux extrémités de laquelle s’ouvrent des gouffres. C’est une forêt d’allégories. C’est, comme l’écrivait Cocteau, un mensonge qui dit toujours la vérité. C’est un champ de batailles. C’est un aérolithe. C’est un lieu de solitude collective. C’est un camp de déconcentration. C’est un terrain de genèse, des milliards de vies au millimètre carré. C’est l’Auberge de la dernière chance. C’est la halle du grain à moudre. C’est la marelle humaine. C’est le cercle sacré. C’est le maillon fabuleux. C’est le creuset, la boule de cristal, l’Atlantide. C’est l’Etat des mots. C’est le joyeux désordre. C’est la révolution perpétuelle. C’est le concours des circonstances. C’est le point de retour. C’est la limite à dépasser. C’est l’atteinte aux bonne mœurs. C’est la pleine lune. C’est la libération inconditionnelle.
Eric Durnez, mai 2013