TRAVERSE

Résidence(s) / Traverse &Co – Accompagnement(s)

Antenne de création de l’association Traverse, Traverse & Co elle héberge des projets de création. Elle permet à des créateurs de développer leurs projets, notamment en mettant à disposition locaux et autres biens matériels et immatériels de l’association. Il s’agit de permettre à plusieurs artistes d’expérimenter formes et envies au sein d’un cadre commun, dans lequel la liberté reste totale. Proposer des espaces, des collisions possibles entres artistes. 

>Après l’accident ( Titre provisoire) – Collectif  Être seuls plus nombreux

Intention :

C’est l’histoire d’une impossibilité, un même mouvement fait d’attirance et d’éloignement. À travers une rencontre amoureuse, deux solitudes jumelles se débattent côte à côte, essayent dans un dernier élan de vivre ensemble dans un même territoire.

« Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » Stig Dagerman

2_briefTrouver sa place, seul, à deux, ses espaces. Un divorce constant entre une pulsion de liberté et son contraire. Comment concilier l’Autre avec nos propres fantasmes, envies, rêves d’absolu. Car l’autre nous ramène irrémédiablement à nous-même, nous recentre inexorablement, sur nos peurs et attentes, et parfois notre solitude. Il nous renvoi à cette honte première d’être un homme, de n’être qu’un homme et d’être tous les hommes à la fois. Ils se cherchent, se gourmandent, s’accordent parfois, recommencement, une syntaxe inventée.

Quelle réponse apporter à cet insatiable besoin de consolation qui nous anime ?

Une fuite pour l’un, en écho à cet appel aux forces antérieures et sauvages, à ce besoin de solitude ; un désir de compréhension pour l’Autre. Comment se relever, se réconcilier avec nous même et s’attaquer à affronter nos peurs, seuls, et ainsi échapper a celle, ambiante, qui nous écrase et nous rend impuissants, tristes et fourbus. L’Idiotie comme réponse active à l’idiotie subite. Tenter de renouer le dialogue avec le mystère qui nous entoure.

Sur une proposition d’Emmanuelle Pujol// Avec : Fréderic Baron & Amélie Gasparotto // Lumières-vidéo : Fréderic Lombard //Création sonore : Jen Bonn //Écriture des textes : Éric Chafer //Direction comédiens : Valérie Brau Antony 

>Symptoma :  

Un film de Jennifer Bonn , Aloyse Leledy, Camille Louis et Coralie Rouet

Projection publique le vendredi 2 mai, à 18h, au sein des locaux de l’association Traverse, d’un travail en cours de création : «Symptoma» . Les 4 co-auteurs, qui ont travaillé sur le territoire, étaient présentes afin de présenter, écouter, échanger, débattre… quoi de plus naturel pour un travail autour de la prise de parole ?

Note d’intention : C’est un film écrit par un groupe de femmes d’une génération héritière d’une Europe en crise, et qui cherche à redistribuer les prises de parole, le vocabulaire, se réapproprier les mots pour questionner ensemble et autrement le contemporain, les possibles, le politique. Alors que la crise est devenue le nom de notre présent, elles le transforment en un geste pour «mettre en crise» les représentations dominantes.

Des philosophes, artistes, économistes, historiens, militants de France, de Grèce et d’ailleurs ont été invités à «prendre la parole», à échanger, dans la différence de leurs positions singulières, leurs visions, leurs expériences, leurs imaginaires pour tenter de composer en commun, une autre parole collective.

Peu à peu s’est dessinée dans le creux des images exposées, non pas un discours ou un message mais une forme timide et persistante présence de ce qui «nous» fait aujourd’hui. Quelque chose s’est amorcé au sein même de cette collection de paroles et de gestes qui n’est pas un en dehors mais un différé de la pensée, un détachement de ses représentations vers d’autres modes de ses manifestations que l’on ne peut pas encore dire.

« Il n’y a plus de bel équilibre à détruire

On ne risque rien à secouer la machine

Quand la mécanique est cassée…»

Oedipe

>C° la Belgo Suisse : les Ogres

Traverse a invité la Compagnie La Belgo-Suisse en résidence de création du 24 au 31 mars 2014, dans ses locaux, situés sur la commune de Bagnères de Bigorre.

Mise en scène : Anna Van Brée

Comédiens : Frédéric Jacot-Guillarmod

Création sonore : Jen Bonn-Lombard

Création vidéo : frédéric Lombard

Cette première semaine de résidence a, entre autre, permis de mettre en place les bases de leur collaboration future pour la création des Ogres.

Note d’intention :

En 1944, fuyant les bombardements intensifs d’Anvers et l’occupation de leur commerce par les Allemands, mes grands-parents décident d’aller se réfugier à la campagne avec leurs deux enfants. Le 24 décembre de la même année, un V2 égaré détruit la petite maison qu’on leur avait prêtée, tuant Marcel, le frère de ma mère alors âgé de deux ans. Il est mort écrasé par la même poutre qui sauva ma grand mère.

En 2006, toujours à Anvers, un jeune skinhead issu d’une famille de néo-nazi décide de se suicider en massacrant le plus d’étrangers possible avant de se donner la mort. Dans sa course il croise Luna, ma nièce de deux ans, et l’abat. J’ai un portrait de Marcel mort au dessus de mon lit. Pas de Luna. Luna je ne peux pas. Marcel est là depuis que Luna est morte. Le frère de ma mère, puis sa petite-fille -fille de ma soeur- ont été tués par de fascistes à l’âge de deux ans. Pour panser ses plaies, pour donner du sens à ses morts, ma famille s’est créée une mythologie dans laquelle il est dit que nous devons sacrifier un enfant de deux ans tous les 60 ans à la démocratie. Le prochain sera vraisemblablement un de mes petits enfants où, par chance, un de l’une de mes soeurs. Aujourd’hui, je regarde grandir mes fils et d’autres souvenirs familiaux racontant la grande guerre me reviennent – les gueules cassées, les attaques au gaz, les bombardements massifs des tranchées et, d’autres enfants morts. Comment envisager les générations à venir dans ce contexte tragique, au sens grec du terme. Je suis le point de tension entre ce passé et mes enfants, la charnière, celle qui peut décider ce que je transmettrai ou pas. Dois-je tenir mes enfants au courant de la malédiction ? Est-ce que l’histoire familiale est l’ogre qui les dévorera ? Cette question sera le point de départ du spectacle à venir. Il s’agira évidemment de s’appuyer sur une question intime pour éclairer la grande histoire, tout comme le drame de Luna, relayé par la presse tout autour de la terre, a créé l’effroi en révélant ce qu’est, aujourd’hui encore, l’extrême droite flamande. Poser le problème de la transmission –ici de la malédiction à venir sur mes petits- enfants- permettra de construire un spectacle, une saga familiale prenant source en 14-18 et se terminant en 2068, date supposée de la prochaine immolation. De la pièce historique à la science fiction, il s’agira d’écrire une tragédie d’un nouveau genre, de faire du théâtre pour tenter de briser le cercle des enfants morts. Nous mettrons en chair la malédiction pour la transcender,  pour imaginer un autre avenir à mes enfants, à la société.