Il faut beaucoup d’ombre pour savoir faire apprécier la lumière et préserver son éclat.

C’est tapi dans l’obscurité que se préparent les spectacles à venir. Qu’y a­ t’­il en amont ?

Que réserve la part de l’ombre ?

Sans lieu fixe, nous avons appris en huit années d’existence à cheminer en marge des

systèmes institués et institutionnels. Nous avons fait le choix des traverses, préférant la

pénombre et l’inconnu aux scènes déjà placées sous le feu des projecteurs. Nous

n’avons eu de cesse d’inviter artistes et spectateurs à investir vallées, granges, rues,

cafés, maisons ou forêts. Des espaces variés et atypiques pour toujours innover en se

réadaptant, s’extraire du quotidien et réfléchir ensemble. C’est dans l’ombre que nous

avons composé avec vous un espace d’expression ouvert.

En rendant à l’ombre sa part de spectacularité, nous souhaitons souligner le rôle

primordial du public. Agent de l’obscurité, il se retire souvent au grand jour sans avoir pu

échanger avec les autres : spectateurs ou (encore) artistes. Les ateliers participatifs,

veillées créatives, concerts, dîners en compagnie des artistes sont autant

d’occasions pour repenser la vie en communauté et plus largement en société. Nous

tenons aussi à saluer les efforts de tous les acteurs ­ techniciens, bénévoles ­ qui

agissent dans l’ombre en vue de la bonne réalisation de l’ensemble des projets.

Ne pas siéger en lisière de la lumière.

Lever le voile sur les mystères de la création.

Désacraliser la production artistique et la tenir ouverte à chacun.

Nous vous invitons à vous blottir dans l’ombre, à apprivoiser le demi ­jour et à continuer à

faire vivre la lumière à nos côtés.

Anne Charlotte Chéron