TRAVERSE

Nouons-nous

« Nouons-nous ; cette formule emporte, entraîne, elle a la justesse du poème, infaillible.
On y reçoit le nous comme une sorte d’appel : oui, faisons le, nouons-nous !
Le pronom y devient une modalité du verbe, que l’on conjugue de beaucoup de manières : nous-ons, accomplissons des nous, nouons encore, imaginons d’autres façons d’être à plusieurs, de se lier, de se toucher, peut-être juste de se frôler…
On y entend que dans le mot nous quelque chose (mais quoi au juste?) se noue, doit se nouer et pourra donc aussi bien se dénouer ; on se dit que nous est une affaire de liens, d’attachements, de mêlements, d’interdépendance et d’arrachements, et de démêlements et de dénouements – plutôt que d’appartenance ou d’identification.
On devine que penser et éprouver le nous n’est peut-être pas inutile à une pensée du commun, autrement dit que le nous deux d’amour (…) pourrait, si on l’écoute, s’élargir en collectif, s’infinir en politique. »

Marielle Macé

 

Traverse emprunte cette année les mots de Marielle Macé, extraits de « Nos cabanes » pour transmettre nos envies de vivre ensemble, qui restent inchangées, malgré le contexte et ses incertitudes…